Expliquer, rassurer, structurer : comment parler du coronavirus à vos enfants ?

 

Le coronavirus est partout : à la télévision, dans les journaux, dans la bouche des adultes… pour les enfants, témoins de la situation inhabituelle et eux-mêmes impactés par la fermeture des écoles, le sujet peut devenir source d’angoisse. Comment les rassurer, sans leur mentir ?

Comme les adultes, ils entendaient parler du coronavirus depuis plusieurs semaines. Depuis jeudi soir, l’épidémie s’est concrétisée pour eux par la fermeture de leur école pour plusieurs semaines. Comment répondre aux questions des enfants, parfois très jeunes, sur la situation actuelle, sans les inquiéter inutilement ? Voici quelques pistes…

 

Eviter deux principales erreurs

La psychanalyste Claude Almos, interrogée par le magazine Psychologies, met en garde les parents qui, en voulant bien faire, risqueraient de commettre deux erreurs : soit minimiser la gravité de la situation (« ce n’est rien du tout ! ») en voulant rassurer, car l’enfant aura le sentiment qu’on lui cache des choses, ce qui provoquera davantage d’anxiété, soit lui dresser un tableau trop anxiogène de la situation (« ne fais pas ça, ni ça, le virus est partout ! ») en voulant le mettre en garde, car l’enfant risquera d’être submergé par l’angoisse.

 

Jauger leur état d’anxiété

Le bon moyen de jauger l’état d’esprit de son enfant par rapport à la situation est de le laisser s’exprimer et poser des questions, sans les anticiper., explique la psychologue clinicienne Béatrice Copper-Royer dans La Croix. Pour la spécialiste, l’idéal est de l’interroger lorsqu’il aborde le sujet :

« Par exemple, si un enfant de 7 ou 8 ans vous demande si le virus est dangereux, vous pouvez commencer par lui retourner la question : pense-t-il, lui, que c’est un virus dangereux ? Qu’est-ce qui lui fait dire cela ? Cela permettra de mieux adapter la réponse. »

 

« Les jeunes sont des éponges à émotions : ce qui les inquiète souvent, ce sont les émotions qu’ils perçoivent chez les plus grands et notamment chez leurs parents », explique Béatrice Copper-Royer dans La Croix.

 

Expliquer clairement les choses

Tous les spécialistes s’accordent à dire qu’une menace établie vaut mieux qu’une « menace fantôme », intangible, et très stressante pour un enfant. Nommer le problème, c’est aussi le démystifier. Parler du coronavirus, c’est d’abord :

– expliquer ce qu’il est (une toute petite particule, invisible à l’oeil nu, qui se colle aux objets et aux gens et peut se multiplier très vite)

– expliquer ce qu’il peut faire (rendre malades certaines personnes quand il se regroupe en trop grande quantité dans leur corps)

– expliquer ce qu’il ne peut pas faire (rendre malade ou tuer tout le monde, rester pour toujours collé quelque part, s’attaquer aux animaux…)

 

Mais aussi :

– pourquoi il inquiète les adultes (parce que quand beaucoup de gens sont malades d’un coup, la société fonctionne moins bien et les médecins et infirmières ont trop de travail dans les hôpitaux, mais aussi parce que certaines personnes, âgées ou déjà malades de quelques chose d’autre, peuvent parfois devenir très malades à cause du coronavirus, voire mourir)

– pourquoi il faut se protéger (parce que plus vite on aura trouvé des solutions pour empêcher le virus de se coller à de nouvelles personnes, plus vite il disparaîtra et plus vite on reprendra une vie normale).

 

Pensez, bien sûr, à adapter le niveau de votre discours en fonction de l’âge de votre enfant, comme vous le feriez pour parler d’autres sujets (la mort, la sexualité…), en entrant plus ou moins dans les détails selon sa capacité de compréhension.

 

N’hésitez pas non plus à justifier l’évolution des mesures : si les adultes ont décidé d’interdire beaucoup de choses d’un coup, c’est pour arrêter plus vite le virus et pour que tout le monde puisse reprendre une vie normale le plus rapidement possible.

 

Encadrer leur accès aux médias

« Dans la mesure du possible, les enfants de moins de six ans devraient être tenus éloignés des écrans de télévision à l’heure des JT », indique la psychologue Evelyne Josse, interrogée par la RTBF. Pour elle, avant le CP, les enfants sont trop jeunes pour intégrer le contenu des informations diffusées et ne disposent pas forcément d’assez d’outils de langage pour exprimer ce qu’ils éprouvent.

Entre six et douze ans, la psychologue conseille, si la télévision est allumée pendant le JT de ne pas laisser les enfants seuls devant l’écran mais de regarder avec eux et de discuter de ce qu’ils viennent de voir. Bannir les actualités serait en revanche contre-productif, « l’interdit risquant d’exercer un pouvoir d’attraction, les poussant à s’informer en catimini.

Au-delà de 12 ans, l’essentiel est de pouvoir discuter librement avec ses enfants de ce qu’ils ont pu voir ou entendre sur les différents médias, et de s’intéresser à ce qu’ils ressentent.

 

Un petit site intéressant également : https://www.cocovirus.net/